Le premier budget de Mark Carney : un pari sur l’investissement et un équilibre prudent
Après un voyage fructueux en Asie, le premier ministre canadien Mark Carney s’apprête à présenter son premier budget fédéral, considéré par les analystes comme un moment politique majeur qui définira la trajectoire économique du pays pour les années à venir.
Il s’agit du premier budget libéral en près d’un an et de la première mise en œuvre concrète du programme de Carney présenté avant les élections du printemps. Mais ce budget arrive dans un contexte difficile : la guerre commerciale avec les États-Unis a ralenti l’économie, réduisant les revenus du gouvernement, tandis que les dépenses de défense et d’infrastructure continuent d’augmenter.
Inspiré du modèle britannique, le budget sera désormais divisé en dépenses d’exploitation et dépenses d’investissement. Carney affirme que le gouvernement veut « dépenser moins, mais investir davantage ». Les emprunts viseront donc des projets de développement — infrastructures, logement, innovation — plutôt que des coûts récurrents comme les salaires et les programmes.
Le déficit budgétaire pourrait atteindre 75 à 90 milliards de dollars, soit presque le double des prévisions précédentes. Les conservateurs demandent de le plafonner à 42 milliards, accusant le gouvernement de « dépenses irresponsables ». Le ministre des Finances François-Philippe Champagne soutient au contraire que le moment est venu pour des « investissements générationnels » afin de réduire la dépendance du Canada vis-à-vis de l’économie américaine.
L’opposition n’a pas encore arrêté sa position : les conservateurs se disent prêts à appuyer un budget « abordable » si les taxes sont réduites, tandis que le NPD souhaite des mesures concrètes pour soutenir les travailleurs.
Les économistes avertissent : si la dette publique croît plus vite que l’économie, le service de la dette pourrait évincer les dépenses sociales. Carney, pour sa part, affirme que sa stratégie garantira une croissance durable et la stabilité financière du pays.