Reprise de l'Achat de Bons du Trésor par la Banque du Canada : Qu'est-ce que Cela Signifie pour l'Inflation ?
La Banque du Canada (BdC) a repris ses achats « de routine » de bons du Trésor à court terme (T-bills) le 16 décembre, ravivant le débat parmi les économistes sur l'impact de cette mesure sur les prix en 2026 et sur les conséquences des précédents programmes d'achat d'actifs.
La banque centrale a annoncé cette décision le 13 novembre, expliquant la nécessité de « restaurer une composition d'actifs plus équilibrée au bilan de la Banque ». Les bons du Trésor sont des titres de créance avec une échéance inférieure à un an, émis par Ottawa pour un financement temporaire. La Banque prévoit qu'elle n'aura pas besoin de reprendre l'achat d'obligations d'État à long terme avant 2027.
Les opinions des experts sont divisées : Certains estiment que la reprise des achats de T-bills augmentera la masse monétaire et accentuera la pression inflationniste. L'économiste Jack Mintz de Calgary y voit un retour à l'assouplissement quantitatif (QE), qui, selon lui, fournit au gouvernement une « source de financement bon marché » pour les déficits et fait grimper les prix. Il rejette l'idée que l'augmentation de la masse monétaire soit étrangère aux pics d'inflation des années précédentes.
D'autres, y compris l'ancien sous-gouverneur de la Banque du Canada, Paul Beaudry, qualifient cette démarche d'opération de gestion de bilan de routine qui synchronise le volume de liquidités en circulation avec la croissance économique et aura un impact négligeable sur les prix. Beaudry considère que les craintes d'une augmentation de l'inflation due à la « planche à billets » sont une « vieille idée », et que les critiques devraient se concentrer sur l'adéquation du niveau des taux d'intérêt. Le professeur de l'Université Carleton, Ian Lee, convient qu'il s'agit d'un processus de routine et non d'une « impression littérale de monnaie ».
Causes de la Flambée Inflationniste de 2021
Il existe des désaccords importants quant aux causes de la flambée inflationniste observée pendant la période COVID-19 :
-
Paul Beaudry et Ian Lee s'accordent sur le fait que les problèmes mondiaux de chaînes d'approvisionnement étaient le facteur principal.
-
Ian Lee ajoute que la politique fiscale d'Ottawa (versements directs aux citoyens) a aggravé la situation, provoquant une augmentation de la demande face au choc de l'offre. Le rapport de l'Institut C.D. Howe attribue également un « rôle critique » à la politique fiscale (360 milliards de dollars de transferts d'urgence).
-
Jack Mintz estime que la Banque du Canada « n'a pas pris l'inflation au sérieux » et que sa politique monétaire, combinée aux dépenses publiques, a entraîné une augmentation de la demande et des prix.
💡 Prévisions
La Banque du Canada prévoit que l'inflation restera autour de 2 % en 2026, bien que les tarifs américains et la restructuration du commerce mondial puissent exercer une pression à la hausse. Le gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, a déclaré en octobre que le taux directeur actuel (2,25 %) est « à peu près au bon niveau » pour maintenir l'inflation proche de l'objectif de 2 %.
Cependant, étant donné que de récents sondages indiquent que 61 % des Canadiens estiment que l'augmentation du coût de la vie est exacerbée par les dépenses publiques excessives, les débats sur les politiques monétaires et fiscales d'Ottawa restent d'actualité.